Munich: Une Allemande de l’EI, responsable de la mort d’une fillette yazidie, écope de dix ans de prison
Accusée d’avoir laissé mourir de soif une petite fille yazidie réduite en esclavage en Irak, une Allemande de 30 ans membre du groupe Etat islamique (EI) a été condamnée ce lundi 25 octobre le à dix ans de réclusion par un tribunal munichois.
Après deux ans et demi de procédure, la justice allemande a rendu son verdict ce lundi 25 octobre contre une ex-membre du groupe Etat islamique (EI) accusée d’avoir laissé mourir de soif une fillette yazidie réduite en esclavage en Irak.
Accusée notamment de crime de guerre et meurtre, Jennifer Wenisch, 30 ans, a été condamnée à dix ans de réclusion dans l’un des premiers procès au monde à poursuivre un crime de guerre contre les Yazidis, minorité kurdophone persécutée et asservie par les jihadistes à partir de 2014.
Cette Allemande originaire de Lohne, en Basse-Saxe (nord-ouest), s’était rendue en Irak pour rejoindre « ses frères », comme elle l’a expliqué à la barre du tribunal de Munich.
Pendant plusieurs mois, elle y a patrouillé, armée, au sein de la police des moeurs à Falloujah et Mossoul. Cette force veillait notamment au respect des règles vestimentaires et de comportement fixées par les jihadistes.
A l’été 2015, elle et son mari d’alors, Taha Al-Jumailly, actuellement jugé à Francfort dans une procédure parallèle, ont acheté parmi un groupe de prisonniers une fillette de cinq ans et sa mère issues de la minorité yazidie afin de les exploiter en tant qu’esclaves, selon l’accusation.
Après de nombreuses maltraitances, la petite fille a été « punie » par le mari de l’accusée pour avoir uriné sur un matelas, puis attachée, par des températures autour de 50°C, à une fenêtre à l’extérieur de la maison.
La fillette est morte de soif tandis que sa mère, Nora T., avait été contrainte de rester au service du couple.
Le parquet reproche à Jennifer Wenisch d’avoir laissé son compagnon faire sans intervenir. Interrogée lors du procès sur sa passivité, elle a, lors de l’une de ses rares déclarations, affirmé avoir « eu peur » qu’il « ne (la) pousse ou l’enferme ».
Ses avocats, comme ceux de Taha Al-Jumailly, ont tenté de suggérer que la fillette, emmenée plus tard dans un hôpital de Falloujah, n’était peut-être pas décédée, un fait invérifiable.
Ils ont plaidé la prison avec sursis pour leur cliente, arguant qu’elle n’avait que « soutenu » l’EI.
Une version contestée par la mère de l’enfant, Nora T., qui vit désormais cachée en Allemagne. Témoin clé, la survivante a livré sa version lors des procès des ex-époux.
« On va faire de moi un exemple pour tout ce qui s’est passé sous l’EI. Il est difficile d’imaginer que cela soit possible dans un État de droit », s’est défendue Mme Wenisch lors de l’une des dernières audiences, selon des propos rapportés par la Süddeutsche Zeitung.