La vidéo de l'interpellation violente d'une femme noire enceinte par des agents fait polémique
La vidéo tourne en boucle sur les réseaux sociaux. On y voit une femme noire, se disant enceinte, victime d'une interpellation violente à la gare d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) par des agents de la sûreté ferroviaire de la SNCF. Une séquence qui a provoqué l'indignation de nombreux internautes.
Sur les images, diffusées mardi, on voit une altercation entre la femme de 23 ans et l'un des agents, dont on ne connaît pas la cause. Ce dernier se saisit alors de la femme, avant de la plaquer au sol à l'aide de l'un de ses collègues. Tandis que l'agent est assis sur elle et tente de la menotter, elle hurle à plusieurs reprises «pas mon ventre». Son compagnon, âgé de 30 ans, tente de s'interposer, en prévenant les agents qu'elle est enceinte. Mais ces derniers poursuivent leur interpellation, sous les cris de la femme, au sol en train de se débattre. On voit même l'un des agents lui mettre un coup de pied à la tête, sans savoir si ce geste est volontaire.
La vidéo, vue plus d'un million de fois sur Twitter, a été extrêmement commentée, au point que le #enceinte a fait partie des sujets les plus discutés sur le réseau social mercredi. La violence de l'interpellation a notamment été dénoncée par la députée Insoumise (LFI) Danièle Obono, qui a mis cette affaire en parallèle avec l'interpellation musclée d'une infirmière lors d'une manifestation de soignants à Paris mardi.
La chroniqueuse Hapsatou Sy a également fait part de sa colère. «Des agents qui ne sont même pas policiers se prennent pour des cow-boys», a t' elle fustigéet a déploré les images «difficiles à comprendre (et à regarder)».
L'ancienne star du football camerounais Samuel Eto'o a lui aussi réagi, qualifiant les agents SNCF de «bande de lâches».
Face au tollé suscité par la vidéo, la compagnie ferroviaire publique a publié un communiqué mercredi, dans lequel elle explique que «la personne mise en cause venait d'être verbalisée à trois reprises, notamment car elle ne portait pas de masque, qu'elle avait craché et qu’elle voulait prendre le train sans billet». Elle relate que les agents l'ont invitée à quitter la gare. «Devant son refus, et un comportement agressif, cette injonction de quitter la gare est devenue contraignante», que «les images diffusées font suite à plusieurs morsures et griffures subies par les agents de la sûreté ferroviaire», dont deux sont «en ITT de 5 jours et un de 7 jours».
Ces derniers ont porté plainte mardi soir pour «outrages et rébellion». L'interpellée, qui n'a pas été placée en garde à vue mais prise en charge par le SAMU selon la SNCF, a également déposé plainte mercredi matin, pour «violences volontaires aggravées par personne dépositaire de l'autorité publique». Un test de grossesse réalisé à l'hôpital dans la foulée a confirmé qu'elle était enceinte de sept mois.
Quant à son compagnon, il a été placé en garde à vue pour «outrages et violences». Une enquête a été ouverte, a indiqué mercredi le parquet de Bobigny, tandis que la SNCF a de son côté ouvert une enquête interne.