La Ceni maintient le cap
Réunie à huis clos en séance plénière ce jeudi 12 mars, la Commission électorale nationale guinéenne a choisi la date du dimanche 22 mars pour la tenue du double scrutin.
« Compte tenu du discours du président de la République, qui a reporté les élections pour deux semaines et qui était conditionné par le travail des experts de la Cedeao qui ont déjà rendu leur rapport, on a regardé la faisabilité des recommandations qui sont dans le rapport de la Cedeao. Donc, on a proposé la date du 22 mars prochain pour la tenue des élections », a dit, devant la presse, Aly Bocar Samoura, le responsable de la communication de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Initialement prévues le 1er mars, elles ont maintes fois été reportées au dernier moment, dans un contexte de fortes tensions, de vives contestations de la part de l'opposition et de critiques émanant de la communauté internationale. Concrètement, cette nouvelle proposition doit encore passer l'obstacle de la Cour constitutionnelle, avant d'être.
Un membre de la Ceni, que cite l'Agence France-Presse et s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a reconnu que la décision de proposer le 22 mars avait été prise « sans trop d'illusions », car « sous la pression ». Au départ, le président Condé avait annoncé un « report léger » de deux semaines. Le délai pour organiser ces consultations paraît à nouveau très court, des experts ouest-africains ayant recommandé comme préalable de retirer près de 2,5 millions de noms des listes électorales, car ils « ne disposent d'aucune pièce justificative ». Dans ce sillage, l'opposition a saisi la cour de justice de l'institution ouest-africaine basée à Abuja au Nigeria. C'est simple : l'opposition représentée par le Front national pour la défense de la Constitution porte plainte contre la Cedeao et ses membres pour « la violation du droit au respect de l'ordre constitutionnel et du droit à une alternance politique conforme à la loi ». « La violation du droit de participer aux élections politiques » et enfin « la violation, respectivement, du droit de manifestation, de cortège et du droit à un recours effectif. » La Cedeao tranchera la semaine prochaine.
Dans le même temps, les Guinéens ont appris que le président de la Ceni, Amadou Salif Kébé, avait proposé discrètement lundi que le scrutin ait lieu le 15 mars, mais la Cour suprême a rejeté sa requête, selon un arrêt de la haute juridiction. Dans son arrêt publié le 10 mars, la Cour constitutionnelle a indiqué qu'aucune « autorisation de fixation de la date des élections législatives et référendaires ne peut être donnée en l'état ». L'institution dirigée par Mohamed Lamine Bangoura fonde sa décision par le fait que le rapport des experts électoraux de la Cedeao sur le fichier électoral n'était pas encore rendu.