Journée Mondiale de la toilette : la problématique des toilettes dans les lieux publics en Guinée
L’accès aux toilettes est un casse-tête pour les populations africaines en général surtout dans les zones rurales. Mais dans certaines villes africaines malgré une présence infirme des toilettes, le manque d’entretien des lieux reste le problème. Particulièrement en République de Guinée, dans les milieux publics (les centres d’enseignement, les marchés, les lieux de spectacle et autres), les toilettes sont rares voire inexistantes.
Ce lundi 19 novembre2018 qui marque la journée mondiale des toilettes, nous avions fait le tour dans deux marchés de la capitale guinéenne pour se rendre compte de la situation qui s’y prévaut.
- Marché Niger
Le marché Niger est le plus grand marché de la presqu’île de Kaloum, la commune où toute l’administration est concentrée et qui accueille chaque matin environ 10 milles travailleurs en provenance des quatre autres communes. Ce marché en plein centre de la Commune et qui reçoit au moins 7 milles visiteurs par jour ne dispose que d’une seule latrine publique digne de ce nom. Elle est située entre les chaussées au début du boulevard Diallo Telly, disposant 14 places et sous l’administration du Gouverneur de la ville. Selon Monsieur Thierno BARRY, le gérant des lieux, à peu près sept cent à huit cent personnes utilisent cette latrine tous les jours et le prix d’accès est fixé à 1000 GNF environ 10 centimes d’euro.
Pour ce qui est de la propreté, nous avions trouvé les latrines bien entretenues car des agents sont recrutés pour entretenir les lieux dans une période de 15 minutes.
Seul bémol, nous avions découvert, pour ce marché, une latrine fictive créée à l’intérieur du marché et dont l’accès nous est interdit par l’Administrateur du marché, monsieur Lansana Bangoura. Selon les usagers interrogés, l’entretien manque beaucoup et constitue un vrai danger car les fossés peuvent lâcher à tout moment.
- Marché de Sonfonia
Un des grands marchés des banlieues de Conakry, précisément à l’est dans la Commune de Ratoma, une des plus grandes communes de la ville. Ce marché visité par plus de 9 milles personnes par jour ne possède pas une seule latrine publique. A l’intérieur du marché, les femmes mareyeuses nous ont signalé l’existence de deux latrines privées.
La première gérée par Monsieur Mamadou BAH n’a que deux portes d’accès. Les vielles boites des tomates concentrées permettent aux usagers de puiser l’eau. L’accès autorisé contre le payement de 500 GNF (5 centimes d’euro), ces latrines passablement entretenues permettent malgré tout aux usagers d’assouvir à leurs besoins naturels. Selon le gérant, c’est suite aux plaintes des femmes du marché que le propriétaire de leur immeuble a transformé un magasin en latrine. Des vendeurs d’eau ambulants leur fournissent de l’eau dans les bidons de 20 litres.
La deuxième située au premier étage d’un bâtiment en construction est un peu plus grande que la première car disposant de six portes. Située au centre même du marché, ce premier étage de ce bâtiment est également utilisé comme espace de prière des fideles musulmans aux heures de prières. Cette latrine est gérée et entretenue par une seule personne, un jeune diplômé sans emploi.
Remarquons que ce sont des marchés qui se créent, les services municipaux n’ont pas les moyens de suivre au niveau l’agrandissement du réseau d’accès à l’eau et du réseau d’égout. Donc les gens sont obligés de compter sur eux-mêmes. Ils installent des latrines qui ne sont pas aux normes, mal vidangées, mal retraitées.
Selon ce dernier cette latrines est à majorité utilisée par les femmes vendeuses du marché et reçoit environ 300 personnes par jour. L’accès est également autorisé contre payement de 500GNF.
Rappelons que, au niveau de ce marché, non seulement le manque des latrines publiques se font sentir, mais aussi les déchets sont déversés au milieu du marché près des étalages des condiments que les femmes viennent acheter. L’entretien du marché est tellement négligé qu’il y a crainte de contamination des maladies diarrhéiques à tout moment.
Nous avions alors contacté le chef du quartier Sonfonia pour s’enquérir des causes du manque de latrines publiques digne de ce nom dans la zone. Pour lui, la gestion du marché ne relève pas de ses compétences mais il a fait savoir qu’il n’y a pas d’espace libre pour construire des latrines.
L’administratrice, quat à elle dira « C’est de la responsabilité de la Commune de construire des latrines. Les recettes du marché sont versées hebdomadairement aux communes et utilisées à d’autres fins.
Ainsi, il est très important que les nouvelles autorités communales élus et qui prendront fonction dans les prochains jours devraient sérieusement se pencher sur ce problème. Car L’un des premiers contaminants du choléra, qu’on appelle aussi "la maladie des mains sales" ce sont les mouches. Elles vont tout simplement se poser sur les excréments humains qui peuvent être contaminés par le choléra, vont aller se poser en suite sur des aliments, vont permettre à la bactérie du choléra de s’éparpiller à travers tout l’environnement