Rohingyas: l'ONU réclame des "pas immédiats" à la Birmanie
Le secrétaire générale de l'ONU appelle les autorités birmanes à suspendre ses "activités militaires" contre les Rohingyas. Aung San Suu Kyi s'exprimera le 19 septembre.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé ce mercredi à la Birmanie "des pas immédiats" pour faire cesser une "violence excessive" contre la minorité musulmane Rohingya fuyant en masse vers le Bangladesh. À l'issue d'une réunion à huis clos, le Conseil de sécurité a souligné la nécessité d'un accès humanitaire aux Rohingyas. Ses membres "appellent le gouvernement birman à tenir ses engagements de faciliter l'aide humanitaire dans l'État Rakhine (aussi appelé Arakan)", dit une déclaration lue par le président tournant du Conseil, l'ambassadeur éthiopien Tekeda Alemu.
L'ONU et les ONG n'ont accès à la population Rohingya qu'au Bangladesh. Plus de 379 000 Rohingyas se sont réfugiés dans ce pays limitrophe de la Birmanie depuis fin août pour fuir une campagne de répression de l'armée birmane consécutive à des attaques de rebelles rohingyas. Et des milliers d'autres seraient toujours sur les routes.
Peu avant la déclaration du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait appelé la Birmanie à suspendre ses opérations militaires contre la minorité Rohingya, considérant que les autorités se livraient à un nettoyage ethnique. "J'appelle les autorités de Birmanie à suspendre les activités militaires et la violence et à faire respecter la loi", a déclaré Guterres.
Aung San Suu Kyi va sortir de son silence
S'agit-il de nettoyage ethnique? "Quand un tiers de la population Rohingya doit fuir le pays, pensez-vous pouvoir trouver un meilleur mot pour décrire" la situation?, a-t-il répondu à un journaliste, sans utiliser lui-même l'expression nettoyage ethnique.
Aung San Suu Kyi, ex-dissidente et prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques à l'international pour sa position ambiguë sur le sort de cette minorité musulmane persécutée en Birmanie. Lors de l'Assemblée générale de l'ONU de l'an dernier, elle s'était engagée à la tribune à défendre ses droits.
Pressée de s'exprimer par la communauté internationale, mais devant maintenir un précaire équilibre dans ses relations avec la très puissante armée birmane, Suu Kyi prononcera finalement le 19 septembre un discours télévisé sur la situation au Rakhine, ont annoncé ses services. Lors de son seul commentaire officiel sur cette crise, la cheffe du gouvernement birman avait dénoncé un "iceberg de désinformation" sur les Rohingyas et défendu l'action de l'armée.
Guterres défend les Nations unies
Antonio Guterres a réfuté mercredi toute incapacité des Nations unies à mettre un terme à la "tragédie" de populations "qui souffrent, qui sont décimées". Il a mis en avant l'action des instances de l'ONU chargées des droits de l'Homme et de celles qui fournissent de l'aide humanitaire dans les zones du Bangladesh où fuient les Rohingyas.
Traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste d'Asie du Sud-Est, les Rohingyas sont apatrides, même si certains y vivent depuis des générations. Ils sont victimes de multiples discriminations: travail forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, règles de mariage injustes et confiscation des terres.